La culture de l'incinération en Pologne

(Magdalena Gajewska)


 



"Oui, tu es poussière
et à la poussière tu retourneras"
(Gn, 3,9)


 


L'action de brûler les corps des morts est une pratique funéraire connue depuis longtemps. Elle est apparue plusieurs fois dans l'histoire de l'Occident n'exprimant pas seulement l'attitude de l'homme par rapport à la mort et par rapport au corps humain, mais surtout par rapport au phénomène de décomposition, qui s'attache à la perception de la mort. Selon Louis-Vincent Thomas "le discrédit qui s'attache à l'image du corps mort pourrait expliquer deux attitudes qui commencent à prendre de l'importance: le don du corps à la science et l'incinération. (...) L'incinération est à la fois un procédé technique de destruction du cadavre, et un mode de sépulture (mise en urne) Malgré la levée de son interdiction par le pape Jean XXIII, et en dépit des efforts des crématistes pour que ce procédé reste moins coûteux, qu'il est plus conforme aux règles d'hygiène et n'exige que peu de place pour les restes, il faut bien avouer, que, dans les funérailles laïques, la crémation offre peu de prises à l'imaginaire occidental. (...) En l'absence d'un contexte symbolique approprié, elle est seulement vécue comme procédé d'élimination rapide du mort."1 La manière de regarder la mort et l'incinération évoluait pendant des siècles. La crémation est passée d'une pratique traditionnelle d'enterrement par la symbolique exterminatrice pour refluer aujourd'hui dans sa forme moderne. "La pratique traditionnelle et rurale de l'ensevelissement, de l'enfouissement du cadavre dans la terre connaît aujourd'hui la concurrence de la crémation ou de l'incinération, pratique plus urbaine. Nous sommes aujourd'hui devant des poussières entrant en concurrence. A la poussière lentement produite par décomposition dans la terre se trouve opposée une autre poussière, produite par le feu, qui sera cendre cette fois."2

L'histoire de l'incinération en Pologne a ses racines dans la culture païenne. Elle était très connue dans les tribus, qui avaient vécu sur le territoire de la Pologne, avant des siècles du christianisme. Les païennes pendant "taryzm" (c'est le nom d'une cérémonie d'enterrement) ont brûlé rituellement du cadavre et ils ont entreposé les cendres dans l'urne. Ensuite l'urne a été enterrée dans une tombe. Les tombes païennes étaient localisées à côte des routes, dans les forêts ou sur les champs. Cette forme d'enterrement avait progressivement disparu pendant le moyen âge avec la diffusion progressive du christianisme. L'église, elle a voulu déraciner le paganisme, et elle s'est opposée à l'action de brûler les corps des morts. Dans le moyen âge, l'église a interdit les inhumations dehors des villes. Enfin les "taryzm" ont disparu en Pologne environ XII siècle.

La logique chrétienne a fermé les morts avec les vivants au cœur du village ou de la ville. Les cimetières au début du moyen âge, c'étaient des espaces ouverts et publics. Alors la mort a accompagné les vivants, et l'a influencé par sa présence dans la vie quotidienne. L'homme a véçu dans son ombre.

L'attitude de l'homme par rapport à son corps a changé également pendant cette période. L'église a également sacralisé le corps des morts. Ils sont devenu un espace de l'âme, qui était prédestinée à la vie éternelle. Au même temps l'idée du Jugement Dernier a été accompagnée par un visage corporel des morts. Le moyen âge a présenté la mort comme un état de sommeil. "Cette image correspond à l'eschatologie commune des premiers siècles du christianisme: les morts qui appartenaient à l'église et lui avaient confié leur corps (c'est-à-dire qu'ils l'avaient confié aux saints) s'endormaient comme les sept dormants d'Ephèse (pausantes, in somno pacis) et reposaient (requiescant) jusqu'au jour du second avènement, du grand retour, où ils se réveilleraient dans la Jérusalem céleste, soit au Paradis. (...) Toute une population, quasi biologique, la population des saints, était ainsi assurée de la survie glorieuse après une longue attente dans le sommeil."3 Alors si le corps du mort était dans le sommeil, l'incinération du cadavre est devenu impensable. Depuis la seconde partie du moyen âge on observe le processus de l'individualisation de la mort et la naissance de l'idée d'une mort appropriée, qui correspond à une mort acceptée, attendue et préparée.

A l'inverse de cette logique, la crémation était symboliquement liée aux situations extrêmes et traumatiques également pour la société, que pour l'individu. Elle a suivi la peste noire, les guerres ou plus récemment des camps d'extermination et leurs images, encore trop vives, des fours crématoires nazis. Elle a évolué de symbolique purificatrice à la symbolique, qui agissait de se débarrasser au plus vite des ennemis potentiels. Pendant des siècles la culture occidentale a construit une vision de la crémation. Elle était considérée comme un outil d'extermination très efficace également pour les épidémies ou pour effacer les crimes et leurs traces. La symbolique de la purification, qui s'attache à la crémation, a subsisté de jours.

Aujourd'hui l'incinération devient de plus en plus populaire dans toute l'Europe. Elle apporte un signe des changements, qui se sont passés dans nos sociétés. "Simplification, disparition, privatisation - La vie urbaine, avec ses impératifs de temps, d'espace, de rentabilité et de profit, et la réduction de la famille au couple et à ses enfants, a modifié sensiblement les rites d'hier"4. La mort et les morts deviennent moins en moins sacrées. Mais l'homme moderne est en train de construire de nouveaux sacrés et de nouveaux rites. "Le culte moderne des morts est un culte du souvenir attaché au corps,à l'apparence corporelle (...) Assimilé aussi bien par les églises chrétiennes que par les matérialismes athées , le culte des morts est devenu aujourd'hui la seule manifestation religieuse commune aux incroyants et aux croyants de toutes les confessions. Il est née dans le monde des Lumières, il s'est développé dans le monde des techniques industrielles (...)"5. L'attachement moderne au corps et l'incinération ne sont pas contradictoires.

La crémation est considérée par l'homme moderne comme "la protection" contre une putréfaction et une déconstruction du corps, après la mort. L'incinération est d'abord considérée comme le moyen le plus radical de se débarrasser des morts. "Des raisons positives d'abord: le gain de place (aucune commune mesure entre la niche du columbarium et le tombeau), à plus forte raison s'il'y a dispersion des cendres; un coût moindre surtout si l'on décède non loin d'un four crématoire et que l'on ne tienne pas à un cercueil somptueux; et bien sûr, la garantie de l'hygiène totale. Des raisons affectives ensuite: qu'y a-t-il de plus intolérable que de savoir l'être cher pourrir au fond du caveau?"6

Probablement c'est la contradiction entre l'image du défunt, que l'on garde dans les souvenirs plus proches et l'image du corps pourri dans la terre, qui fait, que de plus en plus on choisit l'incinération aujourd'hui. Ce contraste est trop fort pour le sens esthétique de l'homme moderne. Nous vivons dans l'époque où tout ce qui est contradictoire à l'idéal esthétique, qui contient la vitalité et la jeunesse, implique des réactions négatives. La société moderne rejette le phénomène de la décomposition, que l'on pense aujourd'hui plutôt par des catégories rationnelles, plus que par celles ritualisées. La vision scientifique, un rationalisme du monde moderne et les concepts esthétique décident, que: "Le processus de décomposition dans qu'il y peut avoir de macabre, et de morbide,sera abordé comme une obstacle épistémologique auquel substituera une rationalité positive. La décomposition pensée comme une déliaison organique, est une victoire sur les imageries du putréfié, du purulent, du dégoûtant, et du mortifère. (…) La poussière n'a pas donc le même statut épistémique, pour le scientifique ou pour celui qui la ritualise. Pour celui-ci, la poussière est une image, un "atome" d'éternité ouvert aux promesses de l'inconnaissable, cas irréductiblement singulier. Pour celui-là, la poussière est l'intuition d'une idée, phénomène objectif rentrant sous une loi générale. Le rite vise l'éternité ou une forme d'intemporalité, là où le concept désigne un temps déterminable. "Selon cette déscription,quelle on retrouve chez J.P. Pierron dans Rites funérailles et la poétique des elements (dans L'Avenir de la mort, Études sur la mort, 2002, N° 121, p. 73-83) la poussière dans le monde de la rationalité cartésienne a reçu un caractère métaphysique. Dans cette symbolique l'homme découvre tout ce qui est hors de sa rationalité, tout ce qui est indéterminé, unique, secret et mystérieux. Cette démarche philosophique est en même temps éternelle où la mort est toujours impossible à déterminer; toujours impensable pour l'homme, elle s'exprime aujourd'hui par des nouveaux rituels, qui sont en train de se construire par rapport à la symbolique de la poussière et de l'incinération. Le fondement philosophique retrouve son reflet dans la réalité. Dans le paragraphe qui va suivre, je présenterai les conséquences de ce phénomène, qui est envisagé par des changements dans les attitudes et les rites de la société polonaise.

Incinération en Pologne

Actuellement en Pologne ils fonctionnent sept crématoires: deux au Nord (Gdansk, Szczecin), trois au Centre (Warszawa, Lódz, Poznan), et deux au Sud (Wroclaw, Ruda Slaska). Ce n'est pas assez pour un pays, qui a 38 millions des habitants. Cette disproportion et également une popularisation de l'incinération impliquent plusieurs problèmes. Les directeurs des cimetières veulent construire des crématoires dans chaque grande ville et dans chaque cimetière communal. Dans l'incinération ils voient la seule solution pour les problèmes d'une manque d'espace pour nouveaux cimetières. Mais la loi polonaise ne permet pas de réaliser ce projet.

Parfois le lieu de la crémation n'est pas le même que celui de l'enterrement. Cela ne change pas seulement les coûts mais aussi les rites funéraires. La phase de la séparation n'est pas évidente. La famille perd contact avec son mort. Les seules cendres n'évoquent pas les mêmes émotions, que le fait d'assister du processus de l'incinération du cadavre ou de son inhumation.

La question de la crémation n'est pas réglée par la loi polonaise. La "loi de la tombe" de 1959 ne répond pas aux besoins actuelles d'une société moderne. Malgré une situation, qui est mal précisée par la loi, chaque année la quantité des incinérations en Pologne augmente prés de 25%. Pour donner un exemple: en 2000 c'était 6 milliers et pour 2001 environs 8 mille pour toute la Pologne. L'autre statistique, du cimetière de Gdynia, montre la même tendance: en 2000, 43 enterrements avec incinération; en 2001, 48; en 2002, 84; et enfin, en 2003 96.

Cette loi doit être changée après l'entrée de la Pologne dans la Communauté Européenne. Elle sera adaptée à la loi européenne. L'incinération deviendra légale sous la forme d'enterrement mais sera-t-il aussi populaire que dans les autres pays de l'Europe? Cette question reste encore ouverte.

Selon la règle générale respectée dans plusieurs pays d'Europe, la décision d'être incinéré après la mort appartient à l'individu. La volonté d'être incinéré doit être exprimée dans le testament ou exprimée aux membres de la famille. Après une identification du défunt, qui est toujours obligatoire, la famille décide si elle réalisera la dernière volonté de son mort et choisira telle ou telle forme d'enterrement. Aujourd'hui la loi polonaise ne protége pas la dernière volonté du mort, le bien de la famille est plus important. Alors la famille peut choisir une forme d'enterrement différent de celle-là choisie par le mort.

Les familles n'accompagnent pas souvent à la crémation, soit à cause de la distance entre le crématoire et la ville où se passe l'enterrement, soit pour des raisons personnelles. Les cérémonies dans le crématoire peuvent durer au maximum une demi heure. C'est le temps pour dire un "dernier mot" au mort. Cette cérémonie a un caractère très personnel et familier. Ce comportement est souvent impliqué par l'architecture d'un crématoire. Il n'y a ni assez d'espace ni du temps pour organiser la cérémonie publique. Par exemple dans le crématoire de Gdansk une salle où se trouve le catafalque peut contenir environ 30 personnes.

Après trente minutes une équipe du crématoire déplace le cercueil dans une autre pièce. La plus proche famille (2-4 personnes) a la possibilité d'observer l'incération dans le four crématoire par la fenêtre d'une autre pièce dont la surface, qui a environ 10 m².

Les proches attendent rarement jusqu'à la fin du processus de brûlure du corps, qui dure 2 à 3 heures. Ces sont les fonctionnaires de l'entreprise qui organise l'enterrement, ceux qui cherchent les cendres dans le crématoire juste avant l'enterrement. Souvent la date de l'incinération et la date d'enterrement sont très éloignées. L'urne avec les cendres peut être gardé plusieurs jours. Les poussières dans le crématoire peuvent rester trois mois. Tout ça évoque une rupture dans les rites funéraires. Il'y a aussi beaucoup des exemples où les personnes gardent l'urne à la maison ou dans le jardin. Des statistiques disent, que 10% des cendres est gardé illégalement dehors des cimetières.7

L'incinération a ouvert la porte devant deux nouveaux types d'enterrement:

1) enterrement dans le columbarium;
2) dispersion des cendres sur le champ de mémoire.

Ces nouvelles formes ont grande influence sur les rites de la commémoration et l'architecture des cimetières. Des columbariums ou des champs de mémoires changent radicalement la manière de soigner des tombes, parce que le columbarium n'exige pas le même engagement, que la tombe traditionnelle. La symbolique du cimetière est minimalisée et l'imagination mythologique des morts est en train de changer. "Dans un jardin crématoire, dans la salle de souvenir,ou l'on peut accroche une plaque en souvenir du défunt,une plaque seulement, sur 40 incinérations,portant le nom de mort,fut accrochée; 14 autres incinérés eurent seulement leurs noms inscrit sur le livre du souvenir et pour le 25 autres, aucune trace visible n'a été laissée". Comme écrit Jean Didier Urbain dans La société de conservation, p. 446: "A l'évacuation des morts corresponde l'évacuation des signes (…) il suffit pour la vérifie d'aller se promener dans un Columbarium. (…) Le texte absent ou le texte miniaturisé,voilà à nouveau l'atrophie des signes,la réduction du texte,réduction qui cette fois passe par la réduction préalable du référentiel lui-même, à savoir la mort (…) Après la crémation, lorsque les cendres ne sont pas dispersées, les morts symboliquement plus que discrets deviennent illisible. Ils sont perdus la foule immense des alvéoles du columbarium comme peuvent l'être des livres dans les obscurs rayons d'une bibliothèque."

Qui et pourquoi?

La décision d'être ou n'être pas incinéré se trouve encore dans la gestion de l'individu. Alors on doit la considèrer comme une choix individuelle. Les plus grands groupes de gens, qui déclarent la volonté d'être incinéré après sa mort, se place dans deux populations: les personnes jeunes (18-30 ans) et les personnes âgées (plus que 60 ans).

Chez le gens dans l'âge 18-30 ans cette volonté est accompagnée par la forte opposition en vis-à-vis l'ordre social. Elle est justifiée par des arguments écologiques, qui forment un contraste à la tradition et à la religion. Elle est liée à l'idée, que le corps humain même après la mort se trouve dans la gestion de l'individu. La société (les autres) ne doit pas avoir influence sur cette décision. Selon cette logique la mort correspond à l'individualisation de la mort et surtout à la liberté individuelle.

Les personnes âgées exposent des motives différents. Ils présentent cette décision comme la plus pratique. Par "plus pratique" il faut entendre:

1) plus pratique pour ceux qui auraient l'obligation de s'occuper de la tombe;
2) c'est plus facile de transporter les urnes avec les cendres, qu'un cercueil avec le défunt.

Dans sa justification, les personnes âgées expriment surtout la volonté de n'être pas "soucis" pour leurs proches. Cette manière de penser se rapporte à l'intérêt familial et social. Le plus important rôle est joué par la communauté. Ils se décident pour être incinérés et enterrés dans un columbarium, la dispersion des cendres étant trop étrangère pour des personnes âgées. Ils préfèrent de n'être pas dispersées. La disparition totale est pour eux impensable.

La relation entre le niveau d'éducation et le niveau des incinérations n'a était pas encore mesurée en Pologne. Les cimetières ne font pas ce genre de statistique. La même remarque concerne la relation entre la religiosité et le nombre des incinérations. Le problème de la crémation n'est pas assez étudié en Pologne. Il'y a seulement des statistiques des cimetières, qui nous montrent que l'incinération devient de plus en plus populaire, et que la société contemporaine polonaise change ses images de la mort et des morts.

Des questions autour de l'incinération

En Pologne existe une très grande nécessite de recherches complexes, qui faisaient l'analyse profonde de l'attitude des polonais par rapport à l'incinération. Un ancien sondage du CBOS8 montre que 37% des polonais n'a rien contre la crémation. On observe aussi l'augmentation de la quantité des enterrements catholiques avec l'incinération, malgré une opinion infavorable de l'église polonaise. En Pologne il n'y a pas encore des recherches sur la relation entre la religiosité et le choix personnel d'enterrement de nouveau type. Pourtant les résultats des recherches dans les autres pays d'Europe Centrale peuvent suggérer que la religiosité joue un petit rôle dans ce cas là. Par exemple dans la République Cheque, 60% de la société déclare son athéisme, et le niveau de l'incinération est 70%. Pour comparaison, 60% des Slovaques déclare son catholicisme, et le niveau de l'incinération est également 70%.

Les donnés précédents suggèrent, que ce sont peut être des autres facteurs, ceux qui mieux expliquent la popularisation de l'incinération en Europe, qu'on observe aujourd'hui. Alors il peut être que le plus important rôle est joué par la force de la tradition religieuse, pas par la force actuelle de la religion. Dans ces pays où l'incinération n'est pas encore devenue la principale forme d'enterrement, comme en Pologne et en Italie9, la tradition religieuse et son attitude par rapport au corps sont encore très liées, et elles ont de l'influence décisive sur les coutumes.

La tradition catholique pendant des siècles a construit la vision du corps comme la temple de l'esprit, qui est destiné à une vie éternelle. Le corps pour les catholiques est toujours sacré. Selon le mythe du Dernier Jugement, le gens se présenteront devant Dieu dans leur forme corporelle. Par conséquence de cette idée, le corps est part d'eschatologie.

On peut retrouver une situation très différente dans les pays protestants. Dans le protestantisme les corps des mortes perdent leur importance. L'idée de Dernier Jugement est liée avec l'idée de la prédestination, qui implique le rationalisme et la simplicité. Elles constituent ensemble le fondement d'une logique économique, qui a été décrite par Max Weber dans "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme". Elle s'exprime par la manière de traiter les corps, les cadavres et par la construction et l'image des cimetières protestantes. Ce différent point de vue explique la grande popularité de l'incinération dans les pays avec une tradition protestante comme l'Angleterre, l'Allemagne, la Norvège ou la Suède. Dans ces pays on observe un'autre attitude par rapport au corps, et également un différent caractère de l'administrer. Ce caractère devient de plus en plus présent de même dans la vie des catholiques. Ça c'est une consequence constructive de l'esprit du monde moderne. L'individu est le seul responsable de sa vie et de sa mort. Le discours qu'on observe aujourd'hui autour la crémation en Pologne, est sorti de la logique économique. Les arguments qu'on entend évoquent surtout l'insuffisance d'espace pour les nouveaux cimetières, due aux valeurs économiques de la terre dans les grandes villes. Au même temps, les médias sont en train de construire l'image de l'incinération comme l'enterrement de l'avenir.

En abaissant les prix des cérémonies sans l'inhumation, les directeurs des cimetières font la vraie promotion de la crémation et des columbariums. Les argumentes économiques suivent les argumentes écologiques. Selon eux les cendres sont moins toxiques pour l'environnement et pour la société. Cette logique dit, que grâce à la crémation, on peut protéger l'espace naturelle, qui ne sera plus arrachée par l'agrandissement des cimetières.

Dans la volonté d'être dispersé après la mort on peut retrouver la conscience que le corps humain fait partie de la nature, et que comme cela il doit revenir dans son cycle. Souvent on veut être dispersé dans le lieu avec lequel on avait une relation émotionnelle. Cette idée du "recyclage" correspond à un'autre phénomène moderne. Le phénomène du corps, qui doit surtout "être utile". On observe également la sacralisation de la substance ou de la matière, précisément de l'atome même. L'homme moderne ne veut pas plus être vivant dans la mémoire collective des autres, mais dans le cycle de la nature immortelle. Le cadavre humain n'est pas plus sacré. En fin, il est devenu un outil pour garantir la continuité de la vie. Le corps fait partie de l'univers et peut être pour cette raison les cendres humaines sont déja envoyées parfois dans l'espace cosmique. On fait déja cela par exemple aux État Units. La société moderne est en train de changer ses visions de la mort et des morts: elle change les cadavres avec les cendres, et les pierres tombales avec les photos et les documents électroniques.
 


Notes


 


1 L.V. Thomas, Autour des rites funéraires, in La mort aujourd'hui, Actions et Recherchés Sociales, Paris, Novembre 1985, N° 3, p. 66-79.

2 J.P. Pierron, Rites funérailles et la poétique des éléments dans L'Avenir de la mort, Études sur la mort, 2002, No 121, p. 73-83.

3 P. Ariès, Essais sur l'histoire de la mort en Occident du moyen âge à nos jours, Seuil, Paris 1975, p 33-34.

4 L.V. Thomas, La mort, Paris 1988, p. 98.

5 Ibidem, p. 155.

6 Ibidem, p. 100.

7 I.T. Miecik, "Smierc bez pogrzebu" (La mort sans enterrement), Polityka, nr 31/2001.

8 Bureau Centrale d'Opinion Sociale en Pologne.

9 La situation en Italie et en Pologne semble d'être intéressante parce que comme écrit L.V.Thomas: "L'incinération apparue en Italie dès la période préhistorique, elle se développe sous la République et aux deux premières siècles de l'Europe. Elle s'effectuait [...] sur des bûchers. On brûlait séparément les personnage importantes ou riches, mais on groupait les pauvres: 10 cadavres d'hommes, les plus gras dessous et pour hâter la combustion on ajoutait un cadavre de femme. Mais cette pratique fut abandonnée à cause des dépenses qu'elle engendrait que pour des motives religieux, et elle était devenu rare sous le siècle d'August (63 av. J.C-14 ap. J.C). Après la chute de l'Europe Romain, le Chrétiens n'abolirent pas le bûcher, celui-ci n'était pas en contradiction avec la Genèse". Mais progressivement dans le moyen âge le bûcher a reçu une signification hérétique. On brûlait les sourciers et les hérétiques. (L'Anthropologie de la mort, p. 258).
 


Bibliographie


 


1. Ariès P., Essais sur l'histoire de la mort en Occident du moyen âge à nos jours, Seuil, Paris, 1975.

2. L'Anthropologie de la mort aujourd'hui, Revue de l'Institut de Sociologie 1999/1-4, L'université de Bruxelles, Bruxelles, 2002.

3. L'Avenir de la mort, Etude sur la Mort, L'Esprit du Temps, Paris, 2002.

4. Mourir Aujourd'hui, Revue interuniversitaire de sciences et pratiques sociales, Nov. 1985, N° 3.

5. Nathan T., Rituels de deuil, travail du deuil, La pensée sauvage, à Aubenas d'Arche, 1995.

6. Thomas L.V., L'anthropologie de la mort, Payot, Paris, 1980.

7. Thomas L.V., La mort, Presse Universitaires de France, Paris 1988.

8. Urbain J.D., La société de conservation, Payot, Paris, 1978.

9. Weber M., Etyka protestancka i duch kapitalizmu, (L'ethique protestanté et l'ésprit du capitalisme) PWN, Warszawa 2001.

10. PRESS:

1. "Polityka": nr 30/1995; nr 45/2000;nr 31/2001;

2. "Wprost": nr 2/1995;

3. "Dziennik Baltycki": 2 mars 2004; 3 mars 2004; 5 mars2004.
 


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Magdalena Gajewska (1978), è laureata in filosofia all'Università di Danzica in Polonia, "summa cum laude". Sta per laurearsi in sociologia presso la stessa università. Sta scrivendo anche una tesi di laurea di ricerca scientifica. Per questo scopo ha ricevuto una borsa di studio del governo francese. La sua tesi sarà diffusa all'Università "Marc Bloch" di Strasburgo, in Francia. Si è classificata al secondo posto in un concorso letterario nazionale. E' attualmente affiliata con il:

Department for Logic, Methodology and Philosophy of Science
University of Gdansk, ul. Bielanska 5
80-952 Gdansk, Poland.

magmefisto@yahoo.fr