[Cet article a été publié dans: "Politica Hermetica - Les contrées secrètes", N. 12, 1998, L'Age d'Homme, Paris; la suivante est une version préliminaire, dans laquelle il y a peut-être encore des fautes. L'auteur remercie très vivement: Jean-Pierre Laurant, Marco Pasi, Marina Subbioni, Jean-Claude Trotin, pour leur aide précieux dans tout le travail de rédaction et de révision]
 
 

Une utopie scientifique à la découverte d'un Nouveau Monde
 
 

Umberto Bartocci
Departement de Mathématiques
Université de Perouse - Italie

"Les hommes n'ont pas détruit tout ce qu'ils croyaient détruire ni caché tout ce qu'ils voulaient dissimuler: ce désordre permet à l'historien d'entrevoir parfois la vérité"
(Bernard Faÿ, "La Franc-Maçonnerie et la Révolution
Intellectuelle du XVIIIe Siècle")
 
1 - Il existe une curieuse incohérence dans l'historiographie de l'époque moderne, la période de l'histoire de l'humanité caractérisé par une croissante domination de la science et de la technique. Pour indiquer le début de ce nouveau age, et donc la fin du Moyen Age, on a choisi le voyage de Christophe Colomb, avec la conviction qu'un tel événement créa les conditions sociales et intellectuelles favorables au progressif détachement des conceptions des anciens, et à l'affirmation des nouvelles1. On ne peut par ailleurs ignorer le fait que juste dans le continent découvert par Colomb, se trouve aujourd'hui la nation qui, aux yeux de tous, symbolise (plus que toute autre nation) la nouvelle vision du monde – assez pour devenir à travers l'usage et le contrôle de l'entreprise scientifique le leader indiscutable de la planète tout entière.

Cependant, il est inusuel chez les historiens de la science de considérer la découverte de l'Amérique comme un événement de leur compétence. En effet, selon l'opinion commune, la découverte de l'Amérique ne fut rien d'autre qu'un coup de chance, un cas de serendipity, comme le disent les Anglais: Christophe Colomb, cherchait à ouvrir une nouvelle route pour rejoindre les pays de l'Extreme Orient, et chemin faisant tomba inopinément sur un nouveau continent. Selon ce point de vue, il ne fut rien de plus qu'un marin hardi, peu instruit, qui s'était fixé comme but d'arriver jusq'aux régions décrites par Marco Polo en ses compte rendus de ses voyage (vers la fin du Treizième Siècle). Colomb n'aurait jamais entrepris sa folle expédition s'il avait connu la réelle entité des distances en jeu, et l'Amérique serait encore là, inconnue aux Européens, pour la bonheur de ses habitants primitifs.

On soutiendra ici au contraire que la susdite incohérence n'est pas une, puisque le voyage de Colomb fut en vérité la première fructueuse tentative d'application d'une nouvelle conception expérimental de la science, et si cela n'est pas unanimement reconnu, c'est uniquement parce que les dessous de cette aventure sont cachés par un rideau de mystère que nous essaierons ici de dissiper, du moins partiellement2.
 
 

2 - Peut-on vraiment croire que Colomb ignorait à quelle distance D se trouvaient les côtes chinoises par rapport au Portugal? Les deux inconnues fondamentales du probléme dont il faut tenir compte sont d'une part la longueur L de l'Equateur (rapportée évidemment à la latitude choisie pour le voyage), et d'autre part l'extension DT des terres émergées du Portugal jusq'à la Chine, ou aux iles du Japon (à la meme latitude). D est égal à L-DT, et pour sous-évaluer cette difference il y a seulement deux possibilités: supposer que L soit plus petite et/ou supposer que DT soit plus grande. On croit communément que Colomb effectua une estimation insuffisante de L, et aussi une estimation excessive de DT. C'était tout du moins l'opinion qu'il soutenait publiquement, dans le but d'obtenir des appuis pour son projet, et de persuader que l'expédition proposée était vraiment réalisable. Il prétendait aussi d'être soutenu par le célèbre géographe florentin Paolo del Pozzo Toscanelli - très proche de la famille des Médicis, qui alors jouissait de grand prestige dans toute l'Europe3. Selon la plus part des historiens, Colomb avait deduit une basse valeur de L en mal interprétant des textes antiques comme la Géographie de Ptolémée, tandis que, en ce qui concernait DT, il se serait fondé sur les légendaires comptes-rendus de voyage de Marco Polo, en obtenant ainsi une valeur assez supérieure à la valeur réelle. Or, tout en admettant que Colomb ait soutenu publiquement la thèse que l'Asie était très proche des côtes du Portugal de l'autre côté de l'Océan Atlantique, et que dans son oeuvre de propagande il faisait vraiment référence à Toscanelli, aux récits de Marco Polo, à Ptolémée, à des textes sacrées, ou à tout ce qu'il retenait convenable à ses propres fins, nous essaierons de découvrir au contraire quelles étaient en réalité les plus probables sources d'information grâce auxquelles il aurait pu déduire des données beaucoup plus fiables. Rappelons tout d'abord que les anciens Grecs avaient déjà bien compris que la Terre avait une forme sphérique, et qu'ils avaient évalué correctement son diamètre: L est égale environ à 40.000 Km, et cette valeur était bien connue depuis le IIIe siècle avant Jésus-Christ, quand Eratosthène de Cyrène effectua la première mesure de la Terre, répétée bien des fois dans les siècles successifs (également par les Arabes, très proches de l'Espagne et du Portugal, où Colomb prépara son voyage). Pline, dans son Histoire Naturelle (bien connue par Colomb, comme l'atteste son fils Ferdinand) donne à L une valeur de 252.000 "stades", un stade valant environ 157 mètres; soit 252.000 x 157 = 39.600. Ptolémée, dans son traité de Géographie, que Colomb connaissait bien également, donne une valeur de 180.000 "stades égyptiens", un stade égyptien valant 210 mètres; soit 180.000 x 210 = 37.800. Colomb pouvait donc sans trop de peine avoir des renseignements assez précis sur L, aussi bien dans la péninsule hibérique, que dans les divers endroits qu'il fréquentait, et de ces derniers nous parlerons bientôt. Nous remarquons en outre qu'il n'est pas si difficile d'effectuer une mesure de L: si on admet qu'à l'époque de Colomb on avait une certaine maîtrise de la mesure de la latitude, nous voilà donc obligés de reconnaître qu'il était possible, indépendamment des traditions antiques, de réussir à établir avec précision quel était le nombre de Kilomètres correspondants à un degré de latitude (qui équivaut à un degré de longitude!)4.

En conclusion, il semble plutôt difficile à croire que Colomb pouvait avoir des problèmes en ce qui concerne la valeur de L5: une sous-évaluation excessive de L est hors de question, et l'unique moyen de rendre théoriquement proposable le projet de "buscar el levante por el poniente" était de surestimer DT.
 
 

3 - En effet, on peut penser que ce n'était vraiment pas très simple d'avoir une bonne évaluation de DT, d'autant plus que si l'on avait comme unique source d'informations le livre de Marco Polo, qui permet difficilement d'obtenir des données objectives. Il est facile de supposer que Colomb, ou Toscanelli, aient cherché quelques informations plus précises à ce sujet. Existait-il en fait des sources d'informations moins incertaines auxquelles se rapporter? Nous rappelons alors que les Franciscains avaient eu pendant une longue période des rapports directs avec l'Extrême Orient, où ils avaient même fondé des sièges épiscopaux, et donc ils connaissaient très bien la route terrestre jusqu'en Chine6. Colomb fut selon la tradition très proche à cet Ordre, et on peut se figurer qu'il ne perdit pas l'opportunité d'avoir les informations souhaitées. Par ailleurs, c'est justement à Florence - la ville de Toscanelli7, qui s'avérera de plus en plus comme l'un des principaux centres inspirateurs du projet de transformation du monde - qu'est conservé, à la Bibliothèque Riccardiana, un manuscrit intitulé La pratica della mercatura8. Ce texte a été écrit par François Balducci Pegolotti, de la famille des Bardi9, qui a vécu dans la première moitié du XIVe siècle: y est décrite, entre autre, la route pour rejoindre Pékin. Pegolotti n'a pas écrit un livre de fables, pour émerveiller ses lecteurs; il s'agit d'un texte pratique, destiné à un public de fonctionnaires et de marchands, un recueil d'instructions qui essaie de préparer aux nombreux problèmes économiques, juridiques, géographiques, concernant des voyages d'affaires. D'après le manuel de Pegolotti il est possible de déduire une valeur de DT (à nos latitudes) qui peut varier entre 14.000 et 16.000 Km, une donnée qui est étonnamment voisine à la valeur réelle10.

En définitive, il est clair que Colomb n'avait pas beaucoup de possibilités honnêtes et sensées de construire une prévision théorique qui l'aurait vraiment convaincu de pouvoir rejoindre les côtes asiatiques. Toutes ses argumentations pseudo-scientifiques avaient le but de rendre le voyage possible aux yeux des 'profanes', et non des 'initiés' qui connaissaient bien la réalité des choses: la technologie navale de la fin du XVe siècle consentait à Colomb de parcourir au maximum 5000/6000 Kilomètres, ce qui ne suffisait pas pour rejoindre l'Asie par la route occidentale.
 
 

4 - Toutefois, nous remarquons que ce ne fut pas l'évaluation scientifique de ces paramètres qui provoqua l'hostilité espagnole à l'égard du projet de Colomb, mais un problème à la fois de physique et de géographie sacrée. La conception géographique de Colomb, comme plus tard celle de Copernic, était tout à fait révolutionnaire et hérétique pour l'esprit de son époque. La Terre, siège spécialement assigné à l'homme par son Créateur, était conçue de forme sphérique, placée au centre de l'univers, entourée par les sphères célestes, sur lesquelles étaient fixées les étoiles. Mais elle avait, selon l'opinion commune, un bien précis au-dessus et un bien précis au-dessous. Dieu avait permis à l'homme d'habiter les terres émergées après le Déluge, ces dernières étant placées seulement dans la partie supérieure du globe: tout le reste était entièrement submergé par l'Océan. La Ville Sacrée, Jérusalem, était placée au centre de l'ecumene (c'est à dire, de la maison commune, de l'habitable), entourée complètement par l'eau: "La grande mer est assise sur la terre ronde, et en mouille la plus grande partie; la terre qui est au-dessus des vagues, sort hors de l'eau comme une montagne"11. Pour mieux comprendre tout cela, pensez à la représentation courante d'un de nos globes, et renversez-le de façon à ce que le Pôle Nord et le Pôle Sud se trouvent sur une ligne parallèle au sol. Tournez ensuite le globe de façon à avoir l'Europe, l'Afrique et l'Asie dans la partie supérieure du globe12. L'Equateur, c'est à dire la ligne qui délimite sur la sphère un cercle maximum perpendiculaire à la ligne joignant les deux Pôles (dans ce cas vous verrez ce cercle en vertical, et non pas en horizontal!), séparera les trois continents en deux parties, qui se trouvent toutes les deux dans la partie supérieure du globe13. Or, sur le globe ainsi renversé, imaginez un cercle qui prenne la place de l'Equateur dans les représentations courantes (c'est à dire qui sera perpendiculaire à l'Equateur, et qui passera donc par les deux Pôles), et vous verrez la frontière qui sépare la partie supérieure du globe de la partie inférieure, c'est à dire la Finis Terrae14 (la limite de la Terre). Au temps de Colomb, on pouvait avoir des divergences d'opinion au sujet de l'extension des terres émergées, et des proportions du globe, mais on ne pouvait pas en avoir sur le fait que la Terre n'était pas la même dans toutes les parties de la planète, et que dans l'hémisphère inférieur il n'y avait ni de terres émergées, ni d'habitants15, et que l'on ne pouvait pas y naviguer16. "En admettant que, per absurdum, on pouvait naviguer hors de l'habitable, en descendant le long du globe terrestre, comment aurait-on pu se retourner et continuer à naviguer en pente dans l'autre sens? Cela aurait signifié la même chose que de vouloir remonter la pente d'une montagne, et aucun navire n'aurait pu accomplir ce voyage, même avec le vent le plus fort"17.

Résumons tout cela en disant que les membres de la Commission qui refusèrent le projet de Colomb avait une Imago Mundi sacrée, à laquelle Colomb s'opposait hérétiquement en disant: "L'eau et la terre forment un corps rond. Le centre de gravité de la terre et de l'eau est le centre du monde"18; le globe est le même en tous ses endroits, et on peut donc y naviguer partout, sans craindre de tomber en-dessous. Colomb révèle avec ces conceptions une intuition des propriétés de l'homogéneité et de l'isotropie qui sont le fondement des théories cosmologiques les plus modernes, et cette seule circonstance est l'une des nombreuses raisons pour considérer ses aventures comme le début véritable du long chemin de la science moderne.
 
 

5 - Le tableau que nous avons ébauché précédemment n'est pas uniquement le fruit de conjectures hasardées. Il existe un témoin oculaire qui nous assure que Colomb avait été accusé d'hérésie. Alexandre Geraldini, qui fut par la suite le premier évêque du Nouveau Monde, était présent à la réunion de Grenade (Janvier 1492) entre Colomb, les Rois d'Espagne, les hauts prélats et les nobles de la Cour. Il recueillit ses mémoires dans un Itinerarium ad Regiones Sub Aequinoctiali Plaga Constitutas, où nous pouvons lire (Livre XIV): "Plusieurs évêques d'Espagne étaient convaincus que Colomb était sans doute coupable d'hérésie: ils soutenaient que Nicolas de Lira affirmait que toute la terre habitée s'étendait au-dessus de la mer des Iles Fortunées19 jusqu'à l'Orient [...] et que Saint Augustin même affirmait que les Antipodes n'existaient pas"20. Geraldini nous informe par ailleurs qu'il aida en personne Colomb à vaincre ces oppositions, et puis encore: "Santangel, le trésorier du Royaume [...] demanda à Colomb combien d'argent et de navires il avait besoin pour entreprendre un si long voyage: Colomb répondit qu'il avait besoin de 3000 écus d'or, et de deux navires; le banquier s'empressa de dire qu'il était disponible à financer cette expédition".

Nous savons donc que Colomb fut aidé dans son projet par d'importants personnages de l'époque. On se demande pourquoi leur influence suffit à délivrer Colomb des accusations d'hérésie, non dénuées de fondements. Commençons par le susdit Louis de Santangel, qui fut soutenu en cette occasion par Gabriel Sanchez, trésorier général d'Aragon21. Il était le neveu d'un autre Louis de Santangel, impliqué dans le complot et le meurtre de l'Inquisiteur Pierre de Arbués (Saragosse, 1485); ce crime fuit suivi d'un procès sensationnel, dont les condamnations furent très sévères. Gabriel Sanchez sauva également de la condamnation à mort un autre des conspirateurs, Don Sancho de Paternoy, auquel il était apparenté. Qui sont donc ces personnages, dont les responsabilités sont si importantes dans l'administration, malgré de graves problèmes de nature politique? Il est facile de découvrir qu'il s'agissait d'influents membres de la communauté juive espagnole, laquelle était en ce temps-là persécutée22. Cette circonstance nous conduit à une des clefs essentielles pour déchiffrer les mystères de l'histoire de la découverte de l'Amérique: même Colomb, malgré ses efforts pour le dissimuler, appartenait à la susdite communauté, et par cette dernière il fut en secret protégé et aidé. L'hypothèse de cette origine de Colomb est traitée de façon très convaincante dans Wiesenthal 197323, lequel souligne combien l'expédition de Colomb ait été alimentée par des attentes messianiques et des interprétations cabalistiques. L'Abbé Giustiniani, dans son Salterio Ottaplo (1516), nous informe que Colomb répandait la rumeur qu'il était l'élu de Dieu pour accomplir une prophétie: une prophétie chrétienne naturellement, selon Giustiniani, mais plus vraisemblablement, selon notre opinion, une prophétie juive (plusieurs cabalistes juifs avaient fixé justement pour 1492 le début d'une nouvelle ère de l'humanité24). Nous rechercherons ici d'autres indices importants confirmants cette reconstruction, plus cohérénte et vraisemblable que celles habituellement divulguées.
 
 

6 - Commençons par le susdit futur évêque Alexandre Geraldini. Il avait marié auparavant le roi Ferdinand et la reine Isabelle, et se trouvait alors en Espagne en qualité de logothète, c'est à dire de porte-parole, de pape Innocent VIII. Le rôle de ce Pontife dans l'histoire de Colomb a été négligé par la majorité des historiens25, mais, qui, plus du Pape, pouvait aider Colomb à vaincre les accusations d'hérésie? Beaucoup d'autres indices démontrent sa position favorable à l'expédition trans-océanique, et à ce sujet nous renvoyons aux textes cités. Il y a cependant un aspect de la question que nous tenons à discuter immédiatement: si avec l'intervention du Pape se renforçait le parti favorable à Colomb et à son projet, comment était-il possible que le Chef de l'Eglise Romaine ait été en faveur d'une conception hérétique, soutenue en outre par des Juifs? La solution de cette énigme singulière est très simple, quoique inattendue: le pape Jean Baptiste Cybo, et son père Aharon Cybo, étaient d'origine juive! D'autre part, la famille Cybo nous ramène directement à la famille des Médicis (déjà évoquée à propos de Toscanelli), qui non seulement fut l'une des protagonistes les plus importantes de l'histoire florentine et italienne, mais aussi de la "révolution scientifique", dont le premier épisode fut la découverte d'un Nouveau Monde. En effet, selon Guicciardini, Innocent VIII "en était arrivé à nourir une foi non médiocre à l'égard des conseils [de Laurent le Magnifique]", et selon l'Enciclopedia Cattolica: "Laurent de Médicis eut beaucoup d'infuence sur le Pape, lequel s'y fiait fié aveuglement après avoir été aidé par lui dans ses habituelles difficultés financières" (le même texte reconnaît qu'il n'est pas exclu que l'élection du Pontife se soit produite de manière simoniaque, c'est à dire achetée avec l'argent du Magnifique). Toutefois, il est vrai qu'Innocent VIII nomma Cardinal, à l'âge de 13 ans seulement, le fils du Magnifique, Jean (qui fut ensuite pape Léon X, de 1513 à 1521), et Colomb, en se fondant sur ce précédent, demanda au retour de son premier voyage la même concession pour son fils, ignorant cependant qu'Innocent VIII était mort entre-temps. De plus, le Magnifique et Innocent VIII étaient apparentés par le mariage de leurs enfants (un des fils du Pape, Franceschetto, épousa Lucrèce, une fille de Laurent); par ailleurs ils détenaient ensemble le monopole du commerce de l'alun, un minéral très recherché, et duquel nous reparlerons ensuite. Le Magnifique fut très proche de la communauté juive de Florence26 à cause de ses activités bancaires, qui avaient déjà à cette époque un caractère international27, et on peut affirmer la même chose, pour des raisons cependant différentes, en ce qui concerne son ami intime, Pico della Mirandola. Avec Laurent le Magnifique l'étude de l'histoire de la découverte de l'Amérique se déplace de l'Espagne, et de Rome, à Florence28, et l'on doit réfléchir sur la véritable origine de la richesse et du pouvoir de la famille des Médicis, question qui est encore aujourd'hui enveloppée de mystère.
 
 

7 - Tout ce que nous venons de dire reconduit les événements colombiens dans leur cadre véritable, c'est à dire l'hérésie de la science et la lutte contre l'Eglise, situées au début de celle révolution conceptuelle aux effets ravageants sur la vision anthropocentrique de l'univers sur laquelle l'Eglise fondait sa propre interprétation de l'histoire de l'humanité. Est-ce vraiment une pure et simple coïncidence la mort du Magnifique et d'Innocent VIII, arrivées toutes deux en 1492, et presque aussitôt après celles d'Ange Politien, de Pico della Mirandola, et bien d'autres personnages mineurs, comme le médecin personnel du Magnifique, un cartographe du Pape, etc.? Tous sont morts soudainement, entre 1492 et 1494, presque toujours avec le soupçon qu'ils aient été empoisonnés. A ce propos, il est inévitable de rappeler que le successeur d'Innocent VIII fut Alexandre VI, c'est à dire Rodrigue Borgia, triste membre de la célèbre famille! Une vraie guerre occulte donc, impitoyable, qui avait commencé bien avant 1492, en impliquant quelques-uns des 'précurseurs' de Colomb, appartenant au même parti progressiste: dans la même année, et de la même manière suspecte, moururent le pape 'savant' Pie II, et son ami le cardinal Nicolas de Cues, protecteur de Laurent Valla, alors que le futur Alexandre VI était le Chancelier de la Sainte Romaine Eglise. D'autres personnages comme Pomponio Leto, disciple de Valla; Bartholomé Sacchi dit le Platina; Philippe Buonaccorsi (directement reconductible à la cour des Médicis; plus tard, après sa fuite de l'Italie, il sera très proche de la famille de Copernic), furent ouvertement accusés de restauration du paganisme, et de complot contre le pape Paul II, ami intime de Rodrigue Borgia29. Il ne s'agissait pas d'un simple délire paranoïaque du parti conservateur à l'intérieur de l'Eglise: il est possible en effet de retrouver à Rome dans de nombreuses catacombes "les preuves de l'habituelle fréquentation de ces lieux par les Académiciens". En particulier, dans la catacombe de St. Calliste il y aurait des inscriptions qui font référence à Pomponio Leto - Princeps de l'Académie Romaine, qui était le pendant de l'Académie Florentine30 - avec le titre de Pontifex Maximus31.
 
 

8 - Évidemment, l'hypothèse que l'on doit faire à la suite de toutes ces considérations, est que Colomb n'avait pas réellement le but d'arriver en Chine, mais de découvrir un Nouveau Monde, dont il connaissait bien l'existence. Nous trouvons une confirmation de cette hypothèse dans une page peu connue de Pyrrhus Alvi (1910), qui reprend une chronique inédite du XVIIIe siècle, écrite à Todi, ville de l'Ombrie, par un des ses aïeux. Cette page a pour nous l'avantage supplémentaire de démontrer que le cardinal de Cues ne fut pas étranger à la discussion scientifique sur le Nouveau Monde qui avait précédé l'aventure de Colomb. Le cardinal de Cues mourut à Todi, et Alvi écrit: "Le célèbre cardinal Nicolas de Cues mourut dans notre ville [...] Auprès de son lit de mort se trouvaient Toscanelli, Bussi, Martinez [...] On discuta à propos de Colomb et du Nouveau Monde". Ce qui est curieux est que Nicolas de Cues mourut en l'an 1464, presque trente ans avant la découverte de l'Amérique! On peut penser à une erreur du chroniqueur, mais la famille Alvi est très ancienne, et non sans liens avec l'histoire dont nous parlons, et dont certaines racines sont italiennes, comme nous l'avons déjà dit. En tous cas, nous savons que le chroniqueur ne fait pas d'erreurs au sujet de Toscanelli, de Martinez (Martins) - ce dernier était un membre de la famille de la femme de Colomb, et fut le véritable destinataire de la lettre de Toscanelli que Colomb portait avec lui pour convaincre les 'profanes' de l'exactitude de ses estimations en réalité erronées - et de l'évêque Jean André de Bussi, qui est bien connu, comme du reste Nicolas de Cues, pour son rôle favorable à la 'modernité' et au parti progressiste dans l'Eglise. Une réunion donc très particulière, dans le cadre de cette lutte sans pitié décrite dans le paragraphe précédent. En effet, l'hypothèse de l'existence d'un continent inconnu placé en face des côtes occidentales européennes et africaines, circulait depuis longtemps justement dans le milieu fréquenté par Colomb au Portugal d'abord, et en Espagne ensuite. Dans Quodlibeta (Question 154, Tome IV), de Raymond Lulle32 - qui vécut dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, et dont les oeuvres étaient bien connues par le susdit Nicolas de Cues - on peut lire qu'il est possible de déduire l'existence d'un continent inconnu en face de l'Espagne et de l'Afrique, simplement en observant les marées de l'Océan Atlantique, lesquelles pour s'accomplir avaient besoin, selon Lulle, de deux points d'appui. Ainsi, il est très simple de supposer que ce Nouveau Monde - qui ne pouvait pas être le continent asiatique, puisque Lulle en parle comme d'une terre "que nous ne voyons pas et ne connaissons pas jusqu'aujourd'hui" - ait été l'objet d'intérêt constant au cours des années suivantes, et surtout de la part du groupe auquel l'ancien savant appartenait, et que la conquête de ce continent inconnu soit devenu un objectif toujours plus convoité.
 
 

9 - Mais comment Colomb put-il accomplir une expédition que beaucoup avant lui avaient déjà projetée et tentée33? Qu'avait-il de plus par rapport à ses précurseurs? Disons simplement que, grâce au rôle des marées illustré par Lulle, Colomb aurait pu déduire quelques indications sur la distance à parcourir jusqu'au Nouveau Monde, en se basant sur la proportion existante entre la hauteur des marées de la Mer Méditerranée et celle de l'Océan Atlantique. En outre, Colomb était allé aussi bien en Islande qu'en Guinée, et il est possible que dans la froide île nordique il ait pu se rendre compte qu'un courant d'eau chaude provenait du Sud-Ouest. Etant imprégné des théories de Lulle, Colomb aurait pu donc avoir pensé qu'il s'agissait de la même eau chaude qu'il avait lui-même vu en Guinée s'éloigner vers Occident, et qui avait fait marche arrière après avoir heurté contre les côtes opposées, les mêmes que Lulle avait prévues avec sa logique déductive. De l'intersection des deux lignes sur lesquelles le courant se déplaçait, il aurait pu déduire la distance à laquelle se trouvait le continent inconnu, mais aussi une précise indication de la latitude à laquelle on aurait pu rencontrer certainement quelques terres émergées: il aurait été vraiment dramatique de faire un voyage si long, pour se retrouver ensuite trop au nord, ou trop au sud, des terres convoitées34!

Toutes ces hypothèses présument évidemment que Colomb fut bien plus qu'un marin inculte, comme parfois il laissait croire35. Quelle pouvait être la source de ses probables connaissances scientifiques? Nous répondrons à cette question, en étudiant la période de la "genèse de la grande découverte", c'est à dire le milieu côtoyé par Colomb dans les années précédentes à l'an 1492. Il ne s'agit pas, comme beaucoup le croient, de la période espagnole, comprise entre 1484 et 1492, car le projet de l'expédition trans-océanique avait déjà mûri dans la tête de Colomb au cours des années précédentes, ce qui nous reconduit au séjour portugais de Colomb, c'est à dire de 1476 à 1484. On doit chercher dans les événements de ces années-là les traces de son inspiration, l'alternance des alliances et des hostilités qui l'accompagneront durant toute sa vie, les motivations et les racines profondes de tout ce qu'il arriva dans ce grand carrefour de l'histoire que nous sommes en train d'examiner.

A partir au moins de 1416 il existait au Portugal, à Sagres, un Centre de Culture Nautique, qui avait été fondé par le prince Henri dit le Navigateur. Même après la mort de son fondateur (1460), ce centre continua à encourager et coordonner tous ces voyages d'exploration mémorables pour lesquels les Portugais seront toujours rappelés dans l'histoire. A Sagres se réunissaient de nombreux savants de toutes les nationalités, mais surtout des Arabes et des Juifs (puisque la science n'était pas beaucoup pratiquée dans l'Occident chrétien), qui possédaient les connaissances géographiques, astronomiques, mathématiques, etc., utiles aux fins du Centre. Parmi ces savants, on trouve des personnages peu connus par les historiens de la science, comme: Jehuda Cresques, le fils de l'hébreu majorquin Abraham Cresques, l'auteur du célèbre "Atlas catalan"; Abraham ben Samuel Zakkut (auteur de tables astronomiques, redigées en hébreu, que Colomb emporta avec lui lors de son premier voyage); son disciple José Vizinho, etc.36. Nous tenons surtout à observer que le beau-père de Colomb37, décédé en 1457, était l'un des assistants de haut rang du prince Henri, et possédait une très riche bibliothèque spécialisée en marine, géographie, astronomie, etc.. Il n'est pas difficile d'imaginer que Colomb ait exploité les relations acquises grâce à son mariage pour s'emparer de toutes les connaissances, aussi bien théoriques qu'expérimentales, qui s'étaient accumulées secrètement dans le Centre de Sagres pendant 60 ans. Même Mendelssohn 1976 distingue clairement dans la fondation du Centre de Sagres - dont il reconnait "l'extrême discrétion", et où se déroulait "une activité clandestine" (pp. 42-43) - un des moments décisifs pour la naissance de la science moderne. En outre, il met en évidence le rôle des savants juifs: "Les courageux marins portugais ne craignaient pas la mort, mais leur prouesse n'aurait pas été suffisante sans l'apport des esprits intelligents et de la mystérieuse force cachée qui guidait leurs efforts. Les grands voyages d'exploration sont un chapitre obligé dans les textes scolaires, mais ces derniers ne mentionnent pas, et nous en savons en effet bien peu, les hommes qui les organisèrent et les dirigèrent. Dans un monde de zèle chrétien, ils avaient de bonnes raisons pour rester dans l'ombre, parce qu'ils étaient Juifs" (p. 29)38.

Encore la piste juive, donc, et si l'on se demande pourquoi tant de savants ont été appelés à Sagres, une réponse se présente immédiatement: les portugais recherchaient des méthodes pour naviguer en haute mer, loin des côtes. Ce fut dans ce Centre que l'on étudia, pour la première fois dans un but avant tout pratique, les systèmes de coordonnées appelées aujourd'hui 'cartésiennes', et qui corrispondaient à cette époque simplement à la latitude et à la longitude de la sphère terrestre39. Et cela va sans dire que l'on doit sans doute aux cartographes juifs de Sagres, appartenants à la célèbre école de Majorque, tous les progrès en ce qui concerne la conception géographique de la Terre que nous avons précédemment décrite, c'est à dire le renversement du globe40.

Plusieurs chercheurs pensent aujourd'hui que de précises évaluations de la longitude ne pouvaient pas être effectuées en ce temps-là, parce que l'on n'avait pas d'instruments de précision pour mesurer le temps. Toutefois, notre enquête ne concerne pas les éventuelles marges d'erreur que l'on pouvait faire au temps de Colomb en effectuant ces mesures; nous nous demandons seulement si les savants de Sagres avaient théorisé, ou non, un moyen pour déterminer la position d'un navire en haute mer. Nous savons que Colomb mesura soigneusement la durée de son voyage, et il est reconnu que l'on doit "la définition technique de la longitude [...] à F. Colomb (1500)". F. Colomb est évidemment le fils de Christophe, Ferdinand, qui sans aucun doute a 'hérité' de son père une telle connaissance, laquelle était considerée comme secrète dans certains milieux.

Nos précédents renvois à la science juive peuvent être confirmés par une autre observation, démontrant que ce peuple - intermédiaire entre l'Occident chrétien et la civilisation arabe, à travers laquelle filtrait l'antique science des Grecs - possédait des connaissances scientifiques avancées41. Dans la Kabbala (IIIe-IVe siècle après J.C.), on peut lire cette remarque: "La Terre tourne sur elle-même de manière circulaire [...] Les uns sont en haut, les autres en bas [...] Une partie de la Terre est éclairée tandis qu'une autre est dans les ténèbres". On trouve ainsi dans la culture juive l'idée de la rotation de la Terre en 24 heures, en contraste avec la conception sacrée du monde que l'on opposa à Colomb et à son projet. En effet, si la Terre tourne sur elle-même, il est impossible de supposer un "haut" habité ed un "bas" inhabité, parce que l'on se trouverait, alternativement, tantôt en haut et tantôt en bas.
 
 

10 - Introduisons maintenant un autre des éléments unificateurs de notre reconstruction historique: le prince Henri, le fondateur du Centre de Sagres, était le Grand Maître du riche et puissant Ordre des Chevaliers du Christ, et il utilisa à ses propres fins le prestige et les richesses de son Ordre. Membres de cet Ordre étaient aussi Bartholomé Perestrello, le beau-père de Colomb, Vasco de Gama, et de nombreux autres grands explorateurs portugais42. A cause de cette circonstance, notre récit devient désormais partie integrante de l'histoire du célèbre Ordre des Chevaliers du Temple. Après la première moitié du XIVe siècle, c'est à dire peu après la dramatique dissolution de l'Ordre, nous n'avons plus aucune trace d'une éventuelle survivance clandestine de l'Ordre, jusqu'au moment de la naissance du "mythe templier" entre le XVIIe et XVIIIe siècle, lorsque plusieurs sociétés secrètes (et parmi elles la Maçonnerie) se déclarèrent les descendants des anciens et infortunés chevaliers du Moyen Age. Cependant, il est difficile d'imaginer que l'activité de l'Ordre ait été totalement interrompue par la condamnation du roi Philippe le Bel et de pape Clément V. Par exemple, au Portugal l'Ordre des Templiers survécut en tant qu'Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ (qui était la première véritable dénomination des Chevaliers du Temple)43: et donc l'Ordre du Christ susdit et les Templiers ne sont qu'une seule et même chose! L'Ordre préserva ainsi dans ce pays toutes ses propriétés et ses richesses, en continuant à occuper un rôle très important dans la politique portugaise. On pourrait en dire beaucoup sur l'histoire des Templiers au Portugal, et souligner que dans ce pays ils n'étaient pas des chevaliers quelconque: le royaume portugais avait été justement fondé par des chevaliers templiers au temps des guerres contre les Arabes, et il avait toujours été gouverné en stricte connexion avec l'Ordre. Et c'est chez les Templiers portugais qu'il se produit, un siècle après la dissolution officielle de l'Ordre, l'organisation du grand projet d'exploration du monde - on pourrait se demander alors si une telle entreprise n'avait pas, parmi les conséquences préméditées, le but d'accomplir une sorte de "vengeance" contre l'Eglise Romaine, contre la conception sacrée du monde sur laquelle l'Eglise fondait son autorité et sa doctrine. En effet, même si aujourd'hui la plupart des chercheurs attribue au roi Philippe le Bel et à son avidité la destruction des Templiers, et croit que Clement V ait été sous l'emprise du Roi, on peut penser qu'en vérité l'Eglise ait été impliquée en première personne dans cette action44. D'ailleurs, comme dans le cas des persécutions contre les humanistes du XVe siècle que nous avons auparavant décrites, dans le cas des Templiers les accusations d'"hérésie" et de "collision avec l'ennemi" ne semblent pas sans fondements, et habituellement on oublie que les mêmes accusations avaient été formulées contre l'Ordre par l'empereur Frédéric II45.

En revenant à Colomb, nous avons dit qu'il avait eu l'opportunité de connaître les Templiers et leur science. Y-a-t-il d'autres indices qui relient Colomb ou d'autres protagonistes de notre histoire aux ex-Templiers, ou Chevaliers du Christ? En ce qui concerne Colomb, la croix des Templiers se retrouve dans plusieurs dessins consacrés à la découverte de l'Amérique exécutés dès les premiers temps de son retour en Europe. Dans une petite fresque du Palais Pitti, à Florence (XVIe siècle), l'on peut voir Colomb représenté avec des instruments scientifiques dans les mains: en haut, des étoiles, et parmi les étoiles une constellation imaginaire, qui reproduit la croix des Chevaliers du Temple46. En ce qui concerne les Médicis et Innocent VIII, tout le monde sait que justement à Florence, dans la première moitié du XIVe siècle, des sociétés secrètes anti-catholiques y étaient très actives47, et que la fortune sourit aux Médicis dans cette période, grâce à l'exploitation du système des banques, lequel est profondément lié à l'histoire et au pouvoir des Templiers48. En général, il est très inusuel de voir énoncées de précises relations entre l'origine de la Maçonnerie et Florence (mais non entre la Maçonnerie et les Templiers!), excepté dans Lensi Orlandi Cardini 1988 (p. 57), où nous pouvons lire: "La Maçonnerie, 'fille ainée' de l'intellectualisme du XVIIIe siècle, n'est pas née en Angleterre [...] mais en Italie (pris à témoin le cabinet de travail de François de Médicis) où elle s'imposa plusieurs siècles auparavant, contrairement à ce que l'on croit aujourd'hui". Encore à Florence, dans le palais des Médicis, le Palais de la Seigneurie, l'on peut voir une fresque mystérieuse, qui représente, selon Lensi Orlandi Cardini, le célèbre Baphomet des Templiers. Dans le Palais Royal de Caserte, près de Naples, se trouve un tableau d'inspiration maçonnique (peint par Heinrich Füger au XVIIIe siècle) qui représente Cosme de Médicis (probablement Cosme le Vieux, appelé Pater Patriae, le père de la patrie) comme la source d'un fleuve: dernière lui un ange armé d'une torche chasse des personnages aux longues oreilles d'âne, qui symbolisent l'ignorance et la superstition. Se révèle comme un autre indice le fait bien connu que le prince Henri n'ait jamais eu de relation avec une femme, comme se doit du reste un Chevalier de haut rang ayant prononcé un voeu de chasteté. Curieusement, le même fait est relaté à propos de Toscanelli: selon Pernoud 1974 (p. 122), il s'agit d'indices évidents de "catharisme". En outre, à propos du commerce de l'alun dont nous avons déjà parlé, nous savons que les mines de ce minéral dans les montagnes de Tolfa, au nord de Rome, furent découvertes et exploitées pour la première fois justement par des Templiers. Enfin, examiner l'histoire de l'Ordre du Christ au Portugal peut nous donner quelques nouveaux renseignements sur une probable motivation de la 'fuite' de Colomb du Portugal en Espagne (1484). En effet, ce fut exactement cette année-là que le roi portugais Jean II, au cours d'une évidente crise politique entre l'Ordre et la Dynastie, poignarda le Grand Maître de l'Ordre du Christ, Don Diego. Vraisemblablement, à cause de cet épisode les Espagnols et non les Portugais furent les premiers européens à rejoindre et coloniser l'Amérique (et nous savons bien quelles en ont été les conséquences...)!
 
 

11 - On pourrait en dire beaucoup plus à la lumière de toutes les observations précédentes, en montrant comme de nombreux détails peuvent devenir plus compréhensibles. Par exemple, la curieuse insistance des Portugais, après le retour de Colomb de son premier voyage, afin que soit déplacée un peu plus à l'Ouest la ligne que pape Alexandre VI s'était empressé de tracer pour diviser le monde en deux parties (Mai 1493), en assignant la partie orientale aux Portugais, et la partie occidentale aux Espagnols49. Il y a toutefois une autre question dont nous voulons discuter: comment est-il possible de relier la 'piste juive' et la 'piste templière'? Au-delà du fait que Juifs et Templiers aient été pérsécutés par le même adversaire, il faut penser qu'en Terre Sainte ces deux groupes avaient été longuement voisins, et qu'il s'était alors établi entre eux des liens particuliers de solidarité et des affinités idéologiques. En effet, nous les trouvons impliqués dans l'activité bancaire, devenue un des éléments les plus importants de l'économie moderne. En ce qui concerne Colomb, quelques chercheurs ont théorisé50 que dans le cryptogramme initiatique qui précédait la signature du navigateur, soit les trois lettres X M Y, on peut voir une référence à: Chrétiens (X), Musulmans (M), Juifs (Y), c'est à dire à un projet d'unification idéal des trois grandes religions monothéistes, qui est encore aujourd'hui le passage essentiel d'une conception 'mondialiste' que l'on peut faire remonter aux Templiers. Il s'agit d'une autre possible liaison idéologique avec Nicolas de Cues (De Pace Fidei) et les humanistes du XVe siècle, qui constitue un important fil d'Ariane dans le labyrinthe des conjectures.

Il semble assez aisé d'imaginer pourquoi les faits les plus authentiques de l'histoire de la découverte du nouveau continent ne soient pas bien connus par l'historiographie officielle. D'une part, les protecteurs de l'orthodoxie et de la tradition cherchèrent à dissimuler le plus possible l'activité des adversaires, tout en s'emparant de leurs découvertes; d'autre part, les "progressistes", qui n'étaient pas encore assez puissants pour s'opposer ouvertement aux antagonistes, n'avaient aucun intérêt à dévoiler leurs projets et leurs connaissances, et aller ainsi au-devant de gros ennuis (comme Jordan Bruno, Thomas Campanella, et Galilé cent ans plus tard) - d'autant plus qu'ils avaient désormais bien compris qu'en demeurant dans le secret, ils pouvaient agir plus librement, et avoir de plus grandes possibilités de succès. L'Eglise Romaine, guidée désormais par Alexandre VI, le Pape espagnol, présenta immédiatement une interprétation de la découverte du Nouveau Monde qui exaltait le rôle des Rois catholiques - qui fut en vérité très secondaire! - tandis que le principal protagoniste de l'expédition (grâce aussi à son nom, Christum Ferens ou Christo Ferens, c'est à dire Celui qui transporte le Christ, ou Celui qui mène à Christ), était décrit comme un héros de la foi chrétienne. Etant morts désormais les autres témoins et protagonistes, on peut penser que Colomb même fut complice de cette stratégie, aveuglé par le mirage de richesse et de pouvoir. En présence d'un tel abus, qui oublia d'un seul coup la longue hostilité du parti conservateur au projet de la traversée océanique, les savants, immédiatement suivis par les milieux protestants anti-catholiques, dédièrent le Nouveau Monde à Vespucci plutôt qu'à Colomb51. Alors que tous les historiens affirment que le nom "Amérique" apparut presque accidentellement pour la première fois en 1507 dans le bref écrit d'un géographe inconnu originaire de Saint-Dié des Vosges (la Cosmographiae Introductio..., de Martin Waldseemuller), il semble au contraire évident que depuis longtemps on cherchait, tout au moins dans certains milieux, à établir une connexion entre le nouveau continent et Amérigo Vespucci52. Témoigne de cette intention l'écrit de Fracanzio de Montalboddo (publié à Vicence, également en 1507 comme celui de Waldseemuller): Paesi Novamente retrovati. Et Novo Mondo da Alberico Vesputio Florentino intitulato (et ce titre évoque bien d'autres réflexions...). En outre, on constate la production de compte-rendus de voyage mensongers, dans le but d'accréditer la présence de Vespucci dans le Nouveau Monde avant même que ce dernier soit monté à bord d'un navire destiné à un voyage trans-océanique53!
 
 

12 - Revenons maintenant à Colomb, en formulant une hypothèse sur sa personne qui puisse rendre encore plus crédible tout ce que nous avons dit jusqu'à présent. Dans ce but, abordons une question que nous avons toujours renvoyée: quelle est la valeur des célèbres documents génois, qui sont le fondement de tous les historiens 'prudents'? Peut-on douter de ces sources? Sont-elles, ces dernières, compatibles avec notre résolution du mystère colombien? Eh bien, ces documents disent que Colomb était le fils d'une certaine Suzanne, dont le père s'appelait Jacob, et de tels noms suffisent pour confirmer l'origine juive de notre héros. La famille de Suzanne est dite originaire de la région de Plaisance54, et c'est justement de Plaisance qu'en 1385 un certain gentilhomme, Philippe Pallastrelli, émigra avec sa femme (Catherine Visconti) au Portugal, où son nom de famille devint Perestrello. On peut supposer que Colomb, et son frère Bartholomé55, furent les fils illégitimes de Suzanne et d'un membre de la famille Pallastrelli resté à Plaisance: et voilà que Colomb pourrait être par sa naissance aussi bien juif que 'templier'. Christophe, et Bartholomé, se seraient rendus à Lisbonne pour chercher quelques appuis auprès de leur famille, et ainsi le mariage de Colomb avec la fille de Bartholomé Perestrello deviendrait beaucoup plus compréhensible. Et que peut-on dire du pauvre Dominique Colomb56, cité dans les documents génois comme étant le mari de Suzanne, et qui par conséquent est considéré le père de Christophe? Le premier acte notarié qui fasse mention en même temps de Dominique et Christophe fut rédigé en1470, lorsque Colomb était âgé de 19 ans (selon les chronologies les plus accréditées), et ceci prouve que Dominique était le mari de Suzanne à cette époque, mais peut-être depuis peu de temps, d'autant plus qu'il disposa grâce à cet acte d'une partie de la dot de sa femme, et Colomb contresigna l'acte pour en approuver l'action. Il est très intéressant à ce propos citer un poème en langue latine que Laurent Gambara dédia à Colomb en 158357: "Colomb - descendant de la noble famille des Pellestrelli de Plaisance, né à Cugureo, qui est un château dans le territoire génois - a mené à terme une expédition si illustre"58. En définitive, beaucoup de détails pourraient avoir une explication plus rationnelle, en ne modifiant presque rien du point de vue des "documents".
 
 

13 - En conclusion, on peut affirmer que la véritable histoire de la découverte de l'Amérique est bien plus compliquée que celle obtenue par les historiens à travers une simple lecture des documents 'officiels' de ces temps lointains, qui ne sont pas, au moins dans certains cas, très véridiques. En effet, tous les indices convergent pour former une théorie unitaire et cohérente, qui laisse penser que Colomb fit son voyage pour découvrir le continent inconnu de Raymond Lulle et de Nicolas de Cues. Il fut probablement capable d'estimer, d'une part, en observant les marées, à quelle distance se trouvait le Nouveau Monde, et d'autre part, en observant le Courant du Golfe, sur quel parallèle se seraient certainement rencontré des terres. Colomb fut la personne qui porta à sa conclusion naturelle un projet fort ancien, poursuivi par les savants du Centre de Sagres, dont la plupart étaient juifs. Ce projet fut avant tout l'expression d'une conception politique moderne: au départ, il s'agissait seulement d'une utopie, nourrie d'attentes méssianiques et d'interprétations cabalistiques, qui allait à la recherche d'un Nouveau Monde pour y édifier un Monde Nouveau, un nouveau modèle politique et social. Ce projet, qui avait mûri dans des 'cercles' persécutés par l'Eglise Romaine (Templiers, Juifs, et plus tard Francs-Maçons), faisait un nouvel usage pratique de la science antique, lequel fit éclater d'abord une révolution géographique, et plus tard astronomique (et l'on pourrait même débattre sur les rapports des susdits groupes avec Copernic, et plus tard avec Galilé), pour aboutir enfin aux modernes théories sur l'origine de l'univers et de la vie, qui ont contribué à l'édification d'une nouvelle Weltanschauung 'laïque'.
 
 


NOTE


 








1 - Cette interpretation avait été déjà faite propre par Francesco Guicciardini (Historia d'Italia, 1540): "Pour cettes navigations on a compris que les anciens s'étaient trompés en beaucoup de choses sur la connaissance de la Terre".

2 - Cet essai est inspiré à Bartocci 1995, auquel on renvoie pour plusieurs information et références bibliographiques.

3 - Colomb montrait une lettre de Toscanelli affirmant que les cotes asiatiques étaient très proche à l'Europe de la part occidentale.

4 - Colomb en particulier aurait pu bien déduire une telle valeur par soi meme, sans bésoin de faire appel à des interpretations filologicamente insidiose d'anciens textes. Colomb fit des voyages à l'Islande et à les Isles du Cap Vert, qui sont placées (plus ou moins) sur le meme méridien, et dont la distance est, à peu près, 6000 Km. Il était facile de comprendre que la localité septentrional est au-déssous du Pole, et que les dites Isles sont au-déssus de l'Equateur. Il est donc suffisant d'ajouter aux dits 6000 Km des autres 3000/4000 Km (et multiplier après pour 4) afin de recevoir une valeur très proche à celle évaluée par Eratosthène.

5 - Peut-on vraiment croire à une faute d'unités de mesure, c'est à dire che Colomb multiplia les 180.000 stades de Ptolémée par les 157 mètres du stade de Pline. ou à quelque autre faute pareille?

6 - Marco Polo, Il Milione, CXLVI et CXLIX.

7 - Les relations entre les Fanciscains et les Chinois débutent à 1245, année dans laquelle Jean de Pian del Carpine (localité près de Pérouse, appelée aujourd'hui Magione) effectua un prémier voyage jusqu'à la cour du Grand Khan. Le franciscain Jean de Montecorvino était archéveque de Pékin en 1307, et elle est bien connue une lettre du franciscain André de Pérouse (1326), qui était à ce temps là l'éveque de Quanzhou, addressée à ses frères en Italie. En 1368, au début de la dynastie des Ming, les Franciscains furent expulsés de la Chine.

8 - A propos de Toscanelli, on peut observer que negli anni '30 on a trouvé dans des archives à Florence une mappemonde, qu'on peut supposer appartenant à Toscanelli lui-meme, dans laquelle toute l'Asie est répresentée très réalistiquement, ce qui réfute ceux qui affirment que la géographie de l'Extrème Orient en XV Siècle était tout à fait imaginaire (Lequenne 1991, pp. 38-39).

9 - Evans 1936.

10 - Une femme de cette famille Bardi fut l'épouse de Cosimo le Vieux des Médicis.

11 - Cette évaluation est bien compatible avec l'opinion courant au temps de Colomb (et pourtant tout à fait exacte) que l'extension des terres émergées de l'Europe jusqu'à l'Asie ne dépassait pas les 180 degrés de longitude. En effet, les 40.000 Km de l'Equateur rapportés à la latitude de Lisbon sont 30.000 Km, et la moitié de cette valeur est justement 15.000 Km!

12 - Ces sont des verses qui étaient recités par les troubadours du Moyen Age.

13 - Pour mieux comprendre ce point ci, on peut citer une lettre, écrite en 1495 au Cardinal Bernardino de Carvajal par un des amis de Colomb, Pierre d'Anghiera, qui parle d'un Nouveau Monde découvert au-déssous du globe. Il est évident qu'aucun parlerait aujourd'hui d'un voyage dans l'hémisphère "au-déssous de nous" pour un voyage vers l'Amérique, tandis qu'on farait usage de cette expression pour un voyage vers l'Afrique austral.

14 - Il y a des chercheurs qui n'ont pas bien compris ce point, et observent que les Portugais étaient déjà arrivés au-déssous de l'Equateur, et donc dans l'hémisphère au-déssous! Ces voyages au sud de l'Equateur étaient au contraire concevus toujours effectués dans la partie supérieure de la Terre.

15 - Il est curieux d'observer que la ligne qui sépare la partie supérieure du globe de la partie inférieure apparait encore dans un dessin du XVII Siècle (Musée du Louvre, Paris, Cabinet des Dessins), avec l'indication Circumferentia Centri gravitatis, et que dans ce dessin ci le nouveau continent aussi est répresenté dans la partie supérieure de la Terre!

16 - Et meme si on pouvait supposer l'existence de terres émergées de l'autre coté de la sphère, à faire de contrappeso à celles émergeées dans la partie supérieure du globe, il était évident que cettes terres ne pouvaient pas etre habitées, parce que tous les hommes étaient fils de la prémière couple, Adam et Eve (hypothèse monogenetica).

17 - Il est curieux d'observer qu'Aristotle fut bien polémique avec qui supposait l'existence d'un au-déssus et d'un au-déssous de la Terre (De Caelo, Livre II, Section 14), et que dans ce cas ci il était donc Colomb du coté d'une hortodoxie ancienne. De cette question apparait bien conscient aussi Dante Alighieri (Inferno, Chant XXXIV; Quaestio de aqua et terra).

18 - Du Chap. XII de l'histoire de la vie de Colomb écrite par son fils Fernando.

19 - Il s'agit d'une des Postille écrites par Colombo sur les bords du livre Imago Mundi, par Pierre d'Ailly (XIV Siècle). Il est significatif dans notre contexte de remarquer que Copernic titre presque exactement dans la meme facon le Chapitre III du Livre I de son célèbre ouvrage: "Comment la Terre et l'eau ensemble forment un seul globe".

20 - Cettes sont les Isles Canarie.

21 - Ce livre avait étè écrit entre 1521 et 1522, mais il fut publié pour la prémière fois à Rome seulement en 1631.

22 - Pour bien évaluer le role de Santangel dans l'entreprise colombienne, rappelons que la prémière relation de Colomb sur sa découverte fut envoyée à lui, et non pas aux Rois Ferdinande et Isabelle.

23 - Comm'il est bien connu, cette persécution aboutira avec le décret du 31 Mars 1492, qui expulsa tous les Juifs de l'Espagne. En plus, le décret donnait un terme dernier pour cette expulsion, coincidant avec le jour choisi par Colomb pour son départ (Leroy 1990).

24 - La meme hypothèse a été avancée, parmi les autres, par de Madariaga 1940, et elle a été reprise avec profondeur par Gil 1989. On peut voir au meme propos Melczer 1992, p. 214. Une sous-évaluation de cette circonstance dans la vie de Colomb est renfermée dans Taviani 1982 (pp. 230 et suiv.), malgré on réconnait dans ce livre que la mère de Colomb, Suzanne, fille de Giacobbe, fut vraisemblablement juive.

25 - Zazzu 1987.

26 - On doit cette liaison entre Colomb et Pape Innocent VIII à Marino 1991. On peut voir aussi Pistarino 1991.

27 - On peut trouver beaucoup d'information à ce propos dans Cassuto 1918, qui rappele en particulier (p. 61) un manuscrit juif (qui est gardé dans la Bibliothèque Laurenziana, Florence), dans lequel "on implore la benediction divine perpétuelle" sur Laurent le Magnifique pour les services rendus à la communauté juive de Florence.

28 - On connait bien que des fonctionnaires de la famille des Médicis, comme le banquier Giannotto Berardi, aidèrent financièrement Colomb en Espagne (Varela 1988).

29 - Varela 1988.

30 - On renvoie pour plusieurs informations sur ce conflit ci à Kretzulesco 1986. L'auteur remercie vivement Marco Pasi, étudiant de dottorato près de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, Section des Sciences Religieuses, de la Sorbonne de Paris, pour cette précieuse indication.

31 - Politica Romana, N. 3, 1996, pp. 109 et suiv..

32 - La référence à Lulle est pour nous particulièrement importante, car il naquit à Majorque, qui est la patrie des cartographes juifs que nous rencontrerons d'ici peu, et il fut aussi un franciscain, bien reliable à des autres événements historiques que nous dirons bientot.

33 - En effet, au rétour de Colomb de l'Amérique, le Roi Jean II du Portugal réclama les nouvelles terres découvertes par le Génois comme appartenant au Portugal par bon droit.

34 - Il est un fait que Colomb marcha exactement dans la direction du parallel correspondant à l'intersection des deux brasses du Courant du Golfe, qui est - par hasad? - le même parallel sur lequel est située la ville de Quanzhou, que nous avons déjà citée!

35 - Mais Colomb dit aussi de soi meme (sans etre cru par la plus grande partie des historiens d'auhourd'hui): "J'ai parcouru toute les routes connues [...] j'ai vu et étudié tous les livres de cosmographie, histoire, philosophie, et autres arts" (Lettre aux Rois, 1501).

36 - On peut trouver quelque information sur ces savants en: Wiesenthal 1973; Goldstein 1981; Taviani 1982.

37 - Colomb se maria en Portugal avec une dame noble, apparentée avec la famille royale, Felipa Moniz Perestrello (Freitas Treen M. de 1989), et il est significatif que la mère de Felipa, Isabel Moniz, aussi se révéle d'origin juive (Wiesenthal 1973, p. 130).

38 - Malheuresement, Mendelssohn aussi se rallie à l'opinion courante selon laquelle Colomb fut "un aventurier, presque un charlatan", et affirme que "la découverte de l'Amérique [...] a été faite par erreur" (p. 36).

39 - Wiesenthal 1973, p. 131.

40 - Il est bien connu que le globe le plus ancien est celui gardé dans le Musée National Allemand de Norimberga, construit par Martin Behaim en 1492. Dans ce globe ci la Terre est déjà répresentée avec le Nord vers le plafond, et le Sud vers le plancher, comm'il est usuel aujourd'hui. On peut remarquer que Behaim fut à Lisbon justement quelque année avant sa oeuvre.

41 - Sur la spécificité de la culture juive on peut voir Abrahams 1927.

42 - Quadros 1987, Vol. II, pp. 151 et suiv..

43 - Auteur de ce simple escamotage fut le Roi Don Dinis du Portugal, qui est cité dans le Paradis de Dante Alighieri (Chant XIX, v. 139).

44 - On sait par example qu'à la fin d'un procès contre les Templiers qui acquitta les accusés (Ravenna, 1311), le Pape lui-meme écrit une lettre très sévère à l'archéveque de celle ville, Rinaldo da Concorezzo, avec l'ordre de rouvrir le procès, et de faire usage de la torture.

45 - Pernoud 1974, p. 120.

46 - Ce tableau est reproduit dans la couverture de Bartocci 1995; on peut le trouver aussi dans Lequenne 1991, p. 43. Il y a des chercheurs qui pensent que le tableau représente Vespucci plutot que Colomb, et dans ce cas il sérait une témoignage qu'on peut relier Vespucci aussi aux vicissitudes des Templiers après la dissolution de l'Ordre.

47 - On peut faire usage à ce propos de l'expression "early Masonic lodges" (Jacob 1990, p. 207).

48 - Sur les Templiers banquiers, trésoriers, encaisseurs d'impots on peut voir par example: Partner 1987 (p. 18), Pernoud 1974 (pp. 74 et suiv.), Bordonove 1973 (p. 185).

49 - Pour la prémière fois dans l'histoire on dividait le monde en vertical (le long d'un méridien), pluton qu'en horizontal, le long d'un parallel.

50 - Pistarino 1990, p. 78.

51 - Copernic aussi rappele dans son oeuvre à propos de la découverte de l'Amérique seulement Vespucci, et pas Colomb.

52 - Qui était, entr'autre, plus directement joint que Colomb à la famille des Médicis. A ce propos on ne doit pas oublier aussi que la prémière expedition de Vespucci en Amérique fut portugaise.

53 - On affirme usuellement que Colomb n'a jamais compris d'avoir découvert un nouveau continent, et qu'il est mort dans la conviction d'etre arrivé en Asie, mais il y a des lettres du déjà cité Pierre d'Anghiera qui parlent d'un Nouveau Monde (1493), et des terres habitées dans un nouveau continent (1495), encore avant le rétour de Colomb du son second voyage (1496). Voilà donc des informations que l'auteur avait recu immédiatement au rétour triomphal de Colomb du son prémier voyage, qui montrent que ce n'est pas vrai que fut Vespucci le prémier à s'apercevoir que les terres découvertes en Occident faisaient part d'un véritable nouveau continent, toute autre chose que l'Asie.

54 - Taviani 1982, p. 232.

55 - On peut ajouter qu'aussi un des frères de Filippo Pallastrelli resté à Plaisance s'appelait Bartolomeo.

56 - Colomb ne montra jamais une affection particulière pour le pauvre Dominique (qui vecut jusqu'à la fin du siècle), tandis qu'il fut très voisin à Bartolomeo (et à un autre de ses frères, Jacques).

57 - De navigatione Christophori Columbi libri quattuor, Romae, Ex Typographia Bartholomei Bonfadini.

58 - Il est curieux d'observer que dans la seconde édition de cet ouvrage (1585), la référence à la famille de Colomb a été effacée!
 


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